Paysage sentimental
2003
Paysage sentimental, comme une flânerie sur la carte du Tendre. Ici, l’amour est fantasmé, platonique telle une abstraction du sentiment qui ne saurait s’incarner que dans un idéal amoureux où la perfection de l’échange relationnel occulte l’autre et épuise la réalité du sentiment.
Les objets plastiques se placent dans le contexte du rituel. Mêlant l’univers de la couture, de la magie ; clin d’œil ironique à des pratiques dites « féminines », ils se lisent comme signes d’envoûtements et de conjurations en quête du Bonheur promis.
Paysage sentimental exprime l’état d’une patiente attente, l’espoir d’un ravissement à venir fondé sur la foi indéfectible de l’amour partagé.
Au-delà d’une quête amoureuse, il est question de reconnaissance et d’identité. Déclarations muettes, « pensements » du cœur qui stigmatisent l’absence : « Dis moi que tu m’aimes et je serais ».
Une topographie du cœur qui balance entre la dérision et l’absurde ; qui évoque la nostalgie des jardins d’antan, où de l’amour courtois il subsiste l’imagerie des gages échangés et des baisers volés et qui à travers la surabondance des déclarations, ferait exister un amour virtuellement présent.
Cette aventure du coté des clichés fleur bleue, des poncifs de l’émotivité, met en scène des sentiments factices et cependant ressentis comme faisant partie d’un espace émotif commun.
Ce serait un bois dormant, clin d’œil aux contes de fées, où il y serait question d’une patiente attente et d’un inébranlable attachement au fantasme féminin qui rêve la rencontre amoureuse comme une prédestination et l’attente de la reconnaissance de l’autre comme une évidence, une entrée dans la vie.
Un idéal de perfection qui se referme comme un piège doux et charmant et cependant comme un enfermement volontaire, une prison du cœur.